Comment bien s’informer à l’ère de l’IA

L’intelligence artificielle transforme profondément notre manière d’accéder à l’information. Entre fake news, deepfakes et contenus biaisés, il devient essentiel d’adopter une approche critique pour rester bien informé. Dans cet article, je vous guide à travers les pièges de l’IA et vous donne des conseils concrets pour une veille efficace et fiable.

Faut-il s’informer via des assistants IA comme ChatGPT ou Perplexity ?

Non. Les assistants IA tels que ChatGPT, Gemini ou Perplexity ne sont pas des sources d’information fiables en tant que telles. Contrairement aux médias traditionnels, ces IA ne vérifient pas leurs sources et peuvent mélanger des faits avérés avec des rumeurs ou des contenus trompeurs. Elles se basent sur d’immenses bases de données, sans distinction claire entre un article journalistique sérieux et un post anonyme sur un réseau social. Le risque ? Recevoir des informations erronées, biaisées ou obsolètes.

Une étude récente de la BBC a révélé que plus de 51 % des réponses fournies par des IA génératives à partir d’articles de la BBC étaient incorrectes, trompeuses ou potentiellement dangereuses. Pire encore, 20 % de ces réponses contenaient des inexactitudes qui n’existaient même pas dans les articles d’origine. Pete Archer, directeur du programme IA générative de la BBC, conclut : « On ne peut pas compter sur les assistants IA pour fournir des informations exactes et ils risquent d’induire le public en erreur. »

Comment utiliser ces outils avec précaution ?

Si vous utilisez une IA pour vous renseigner, demandez-lui toujours de citer ses sources et vérifiez-les auprès de médias reconnus. Croisez plusieurs articles et gardez un esprit critique face aux réponses fournies.

Des réponses différentes selon l’assistant IA

Les assistants IA ne donnent pas toujours les mêmes réponses. Par exemple, à la question posée le 20 février 2025 : « Qui a été élu président du Conseil constitutionnel ? », les réponses variaient d’un outil à l’autre. Cela montre bien que ces technologies ne sont pas infaillibles et qu’il est préférable de vérifier l’information auprès de médias reconnus.

Peut-on utiliser les réseaux sociaux pour bien s’informer ?

Pas vraiment. S’informer sur les réseaux sociaux est devenu risqué à cause de plusieurs facteurs :

• Les bulles de filtres : Les algorithmes privilégient les contenus qui confirment nos opinions existantes, réduisant l’exposition à des points de vue diversifiés.
• La viralité des fausses informations : Les contenus polémiques et émotionnels sont favorisés par les plateformes, accélérant la propagation des fake news.
• Le manque de modération : Certains réseaux, comme X (anciennement Twitter) et les plateformes du groupe Meta, ont réduit ou supprimé le fact-checking, laissant place à une prolifération de fausses informations.

Si vous utilisez les réseaux sociaux pour suivre l’actualité, privilégiez les comptes de médias reconnus et vérifiez les informations auprès de plusieurs sources avant de les partager.

Comment repérer un site d’information généré par une IA ?

Il devient de plus en plus difficile de distinguer un article écrit par un journaliste d’un texte produit par une IA. Une enquête publiée par Next a révélé que plus de 1 500 sites francophones se faisaient passer pour des médias fiables alors qu’ils publiaient du contenu généré automatiquement, parfois basé sur du plagiat.

Comment détecter ces sites ?

• Consulter la rubrique "À propos" : Si elle est vague ou impersonnelle, méfiez-vous.
• Vérifier les auteurs : Un rédacteur qui publie des dizaines d’articles par jour est probablement une IA.
• Analyser le style et les sources : Un article sans sources vérifiables ou truffé d’erreurs factuelles est suspect.

Par ailleurs, certains médias comme l’AFP et Le Monde ont signé des accords avec des entreprises d’IA pour protéger leurs contenus, tandis que 67 % des sites d’actualité reconnus bloquent l’accès de leurs articles aux modèles d’intelligence artificielle.

L’IA peut-elle manipuler l’opinion publique ?

Oui, et c’est déjà une réalité. Ces dernières années, plusieurs élections ont été perturbées par des campagnes de désinformation alimentées par l’IA. Un exemple marquant est l’élection présidentielle roumaine de 2024, annulée après qu’une campagne massive de désinformation sur TikTok ait favorisé un candidat prorusse. En seulement deux semaines, 25 000 comptes ont diffusé des contenus manipulés à grande échelle.

Pourquoi ces fausses informations se propagent-elles si vite ?

• L’effet de chambre d’écho : Les algorithmes renforcent les opinions similaires, enfermant les utilisateurs dans un cercle de désinformation.
• Le sensationnalisme : Les fake news jouent sur l’émotion et la surprise, générant plus d’interactions que les articles vérifiés.
• Le partage impulsif : Beaucoup de personnes partagent sans vérifier, contribuant ainsi à la diffusion massive de fausses informations.

Définition : L’astroturfing

L’astroturfing est une technique de manipulation qui consiste à simuler un mouvement spontané ou populaire pour influencer l’opinion publique. Sur les réseaux sociaux, cela se traduit par la diffusion massive et automatique de contenus générés par des IA, créant l’illusion d’un consensus public.

Conclusion

À l’ère de l’IA, bien s’informer demande un effort de vérification et de discernement. Les assistants IA et les réseaux sociaux peuvent être des outils utiles, mais ils ne doivent pas remplacer les médias traditionnels et les sources fiables. Gardez un esprit critique, croisez vos sources et privilégiez des plateformes reconnues pour éviter les pièges de la désinformation.