L'agent Deepseek : petite IA, énorme impact
Le lancement de Deepseek R1 et V3 en décembre et janvier derniers a provoqué un véritable séisme dans le monde de la tech. Nombreux sont ceux qui parlent d'un "moment Sputnik", tant l'onde de choc a ébranlé les certitudes des grands acteurs américains de l'intelligence artificielle.
Jusqu'à fin 2024, l'IA occidentale évoluait à son rythme, avec OpenAI enchaînant les innovations et Google améliorant progressivement Gemini. L'écosystème semblait sous contrôle, et bien que l'on sache que la Chine investissait massivement dans l'IA, l'avance des géants américains paraissait insurmontable. Mais tout a changé le 20 janvier, lorsque Deepseek R1 a été dévoilé. En quelques jours, la Silicon Valley s'est retrouvée en ébullition, et Nvidia a enregistré l'une des pires pertes boursières de son histoire. Pourquoi un tel bouleversement ?
Deux visions antagonistes
Deepseek a prouvé que l'intelligence artificielle pouvait être accessible et performante, le tout avec un budget bien inférieur à celui des mastodontes américains. Officiellement, l'entraînement de Deepseek R1 aurait coûté seulement 6 millions de dollars, une somme dérisoire comparée aux centaines de millions dépensés par OpenAI ou Google. De plus, privée d'accès aux dernières puces Nvidia en raison des restrictions américaines, la Chine a conçu Deepseek R1 en utilisant un matériel moins performant mais stratégiquement optimisé.
Deepseek a aussi choisi une approche radicalement différente : un modèle open source, gratuit, déployable en local et sans dépendance au cloud. En quelques jours, l'application est devenue l'une des plus téléchargées sur Google Play et l'App Store, confirmant un intérêt massif. Plus marquant encore, Deepseek a réussi à proposer une API 25 fois moins chère que celle d'OpenAI (2,19 dollars par million de tokens contre 60 dollars pour ChatGPT 4). Performant en code et en mathématiques, Deepseek R1 se positionne comme un concurrent redoutable aux modèles américains.
Trop beau pour être vrai ?
Si Deepseek semble révolutionnaire, la réalité est peut-être moins idyllique que présenté. L’entreprise affirme que l'entraînement de Deepseek-V3 a coûté 5,6 millions de dollars, mais ce montant ne couvre que les heures GPU. En incluant la recherche, les expérimentations, les salaires et l'infrastructure, certains analystes estiment que le véritable coût pourrait atteindre plusieurs centaines de millions, voire dépasser le milliard de dollars.
D'autre part, des rumeurs circulent sur un accès clandestin à des puces Nvidia H100 via le marché noir singapourien. Si cela s'avérait exact, cela changerait considérablement la donne sur les coûts et la transparence du projet.
La distillation, une méthode controversée
Une autre critique majeure concerne la technique d'entraînement de Deepseek. L'entreprise aurait massivement utilisé la "distillation", une méthode qui consiste à entraîner un modèle plus petit en lui faisant reproduire le comportement d'un modèle plus grand. Si cette technique est courante, Deepseek est accusé d'avoir exploité les réponses de modèles comme ChatGPT 4, ce qui pourrait constituer une violation des conditions d'utilisation d'OpenAI.
Sur le plan éthique, utiliser les résultats d'une IA concurrente pour entraîner son propre modèle s'apparente à du plagiat technologique. De plus, lors de ses premières phases de test, Deepseek affichait parfois des incohérences troublantes, allant jusqu'à se présenter comme ChatGPT 4o.
Une IA hautement politisée
Un autre point sensible concerne l'origine chinoise de Deepseek. Les données traitées par cette IA sont potentiellement soumises aux lois chinoises, ce qui a poussé plusieurs pays et entreprises à en interdire l’usage. Par ailleurs, sur certains sujets sensibles, Deepseek affiche un comportement particulièrement biaisé. Dans sa version chinoise, toute discussion sur la liberté d’expression, Tiananmen ou l'indépendance de Taïwan se heurte à la rhétorique officielle du Parti communiste. Même dans sa version anglaise, l'IA semble parfois s'auto-censurer en changeant brusquement de sujet.
Les poids lourds réagissent
Malgré ces controverses, Deepseek reste un succès technique qui a poussé les mastodontes américains à revoir leurs stratégies.
OpenAI riposte
Face à un concurrent open source et gratuit, OpenAI a réagi en rendant son modèle GPT-4o Mini accessible aux utilisateurs gratuits et en accélérant la sortie de GPT-4.5 et GPT-5. Ces nouveaux modèles intégreront des fonctionnalités avancées, combinant diverses approches d'intelligence artificielle pour maintenir leur avance technologique.
Google ne reste pas en retrait
Chez Google, la réaction a été rapide avec la sortie successive de Gemini 2.0 Flash, Gemini 2.0 Pro et d’autres versions améliorées. Le groupe mise sur l'intégration de Gemini dans ses services et le développement d'agents IA autonomes.
L'IA à l'heure de l'open source
L'apparition de Deepseek a marqué un tournant dans l'évolution de l'IA. En proposant un modèle performant, abordable et open source, il bouleverse un marché dominé par des solutions fermées et coûteuses. Cette accessibilité ouvre de nouvelles perspectives, notamment pour les entreprises souhaitant personnaliser leurs solutions IA sans dépendre des grands acteurs américains.
Cependant, cette révolution pose aussi des questions en matière de sécurité, d'éthique et de gouvernance. Avec l'essor des modèles open source, il devient essentiel de mettre en place des règles claires pour encadrer leur utilisation et garantir une innovation responsable.
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